10›21 JUIN 1944

Le sentier
des Maquisards

Le Mont-Mouchet et la Truyère ainsi que les villages qui jalonnent le parcours ont été le théâtre de violents combats entre maquisards et troupes allemandes pendant l’été 1944.
Ce sentier de randonnée est aussi un voyage dans le temps.

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René Amarger

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René Amarger (St Flour, le 30 mars 1914 – Lorcières, le 3 novembre 1992), journaliste engagé est une grande figure de la résistance auvergnate et fut maire de Lorcières de 1977 à 1983.

En 1942, Jean Lépine, chef départemental de « Franc-Tireur » demande à Amarger de recruter pour son Mouvement. Commence alors pour lui une vie de commis-voyageur infatigable (et il faut l’être quand on ne dispose que de ses pieds ou d’un vélo). Au cours de ses pérégrinations, il rencontre un autre mouvement en formation, « Combat » dont le responsable est le Dr Ingrand-Rouvres. L’idée de cohabitation entre les deux s’installe ; les fils commencent à s’entrecroiser, la toile prend forme et aboutira, après plusieurs mois dans la clandestinité et le manque de moyens, à l’unification des mouvements de résistance, les MUR, en janvier 1943. Au sein de cette organisation, Amarger-Germa est chargé du secteur de St Flour, Chaudes-Aigues, Pierrefort et Ruynes. Avec Jean Lépine, il soutient la constitution du maquis Revanche à Maurines dont il loue dans ses mémoires, l’organisation, l’audace et le courage.

Dans son imprimerie sanfloraine, rue de la Frauze, son activité journalistique se double d’une activité de faussaire : faux-papiers d’état-civil, fausses cartes d’identité, faux titres de circulation…Les réfractaires au STO connaissaient l’adresse et les gendarmes fermaient les yeux malgré la pression vichyste. Georgette Loussert, une amie résistante de St Flour, alla même subtiliser des cachets en mairie, avec le même aplomb qu’elle mettait à transporter des mitraillettes dans son camion de boucherie.

D’octobre 1943 à mars 1944, sortirent des presses de la Frauze les sept poèmes d’amour en guerre d’Éluard sous le pseudonyme de Jean du haut, Les bons voisins, d’Aragon (Arnaud de Saint-Roman) ; Le gouvernement de vichy est-il légitime ? de Garraud (Maître Portalis) ou encore la réédition aux Éditions de minuit du Musée Grévin d’Aragon (François la colère). L’adresse fut vite connue et de nombreux journaux clandestins comme Le Languedoc ouvrier ou Le Patriote lotois y furent imprimés. L’imprimerie est saccagée le 10 juin 1944.

Dès la fin de 1943 et le début de 1944, le danger pousse les responsables cantaliens de la Résistance à entrer dans la clandestinité ; le Dr Mallet doit abandonner son cabinet avant de rejoindre le service de santé des FFI au Mont-Mouchet. Amarger, devenu secrétaire général du Comité de Libération du Cantal, échappe de peu à l’arrestation. C’est une nouvelle phase de la lutte qui impose des règles de sécurité strictes. 

Bientôt, c’est la « montée » : La mobilisation générale décrétée par le colonel Gaspard fait converger vers les réduits de la Margeride et de la Truyère des milliers de volontaires et les habitants font tout leur possible pour les aider. Amarger dit dans ses mémoires que « la paysannerie leur a été maternelle ».

À partir de juillet 1944, Amarger siégea, avec le CDL, à Mauriac libérée en juin. Le 24 août, il regagne St Flour libérée pour occuper quelques jours la charge de sous-préfet mais il ne veut accepter aucun « dividende de la part de la Résistance, ni magistrature, ni carrière, ni prébende. » Après la guerre, il reprend son travail de journaliste, et créé Le Montagnard du Cantal qu’il dirige jusqu’en 1955.