10›21 JUIN 1944

Le sentier
des Maquisards

Le Mont-Mouchet et la Truyère ainsi que les villages qui jalonnent le parcours ont été le théâtre de violents combats entre maquisards et troupes allemandes pendant l’été 1944.
Ce sentier de randonnée est aussi un voyage dans le temps.

Image de thématique
Parachutés par les Alliés, les containers ont permis l’approvisionnement en armes, vivres et argent aux maquisards.
Archives départementales du Cantal, 48Fi44.

Ravitailler Les réduits

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Vivre au maquis, c’est être dans l’illégalité et devoir sans cesse regarder par-dessus son épaule. Pour L’État Français et la milice, les maquisards sont des « bandits » qu’il faut traquer  pour l’occupant nazi, ce sont des « terroristes » à éliminer. Même si les habitants ont été majoritairement bienveillants et accueillants, il y eût aussi des rejets et des dénonciations.

Devenir maquisard, c’est laisser derrière soi sa famille, son travail et jusqu’à son identité puisque, pour des raisons de sécurité, on vous donne un nom de guerre.

Comment faire dans ces conditions pour se nourrir convenablement, se vêtir, se chausser, boire et fumer quand tout cela passe par des cartes de rationnement qui nécessitent d’être inscrits en mairie et de s‘y présenter pour les recevoir ?

La solution passait par les « prélèvements » auprès des administrations de l’État ou des « collabos » et les réquisitions auprès des populations. Pour l’alimentation, on s’approvisionnait chez les producteurs avec des bons de réquisition qui devaient être réglés par le Trésor Public après la libération ou avec un paiement comptant quand le groupe disposait de fonds.

Extrait du film « Quelques jours en juin », 1984.
CODURA, 1994, Musée de la Résistance du Mont Mouchet.

Sauf rares cas, les réquisitions ne se sont pas faites « à la mitraillette » comme le prétendait la propagande pétainiste qui parlait de « vols », de « pillages » et de « banditisme ». Des bouchers, des boulangers fournissaient la viande et le pain après entente avec un responsable du réduit qui passait régler la facture. Chaque compagnie recevait un budget grâce à l’argent des parachutages et pouvait assurer elle-même sa subsistance, si elle le souhaitait, en traitant avec les paysans qui se trouvaient à proximité et en utilisant le four à pain du village. Trouver de la farine relevait de l’exploit à cause des fortes réquisitions de l’occupant mais les pommes de terre et le fromage ne manquaient pas et constituaient l’ordinaire, avec la soupe. Les responsables de la subsistance au sein des compagnies et des réduits devaient faire des prouesses pour nourrir tout ce monde.

Pendant toute la durée de la guerre, l’Auvergne, territoire agricole et surtout le Cantal, terre d’élevage, ont été soumis à une forte pression pour approvisionner l’occupant mais aussi les villes et les régions en difficulté. Les éleveurs de bovins étaient ainsi délestés d’une part considérable de leur cheptel en vertu de la « solidarité nationale ». Dans les cantons, les chefs de district, responsables des réquisitions pour l’État, se montraient parfois favorables à la Résistance : sur 100 bêtes réquisitionnées, ils n’en expédiaient que 98 et deux animaux étaient détournés vers le maquis mais payés par l’État français et l’agriculteur n’était pas lésé ! Le réduit de la Truyère a été ravitaillé de cette façon.

Auvergne Actualités 23 juin 1974, INA

La toilette, par un frais matin de mai 1944 !
Archives départementales Puy-de-Dôme, 628Fi339

Pour les vêtements, les chaussures, l’outillage, les couvertures…, on se tournait vers des organisations créées par le gouvernement de Pétain comme les chantiers de jeunesse qui possédaient des magasins bien pourvus où les maquisards allaient puiser. À partir de septembre 1943, ces chantiers ont été visités régulièrement. Le groupe Revanche, noyau fondateur du centre de Résistance de la Truyère, est parti avec le contenu du magasin de la 4ème Compagnie des Travailleurs pour les transmissions (4ème C.T.T.) où ils travaillaient.